ELUS COHEN - PIERRE FOURNIER

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es sept globules blancs placés sous JésusChrist, désignent les sept Esprits de Dieu qui parcourent la terre * en organes de Jésus-Christ, et qui portent, par la miséricorde de Dieu, tous les hommes à faire la volonté de Dieu. Les sept globules noirs qui sont sous Lucifer devenu Satan, désignent les sept Esprits qui par courent la terre en organes de Satan, Esprits que Jésus-Christ chassa de Marie Magdelaine, et qui portent tous les hommes à faire tout le contraire de la volonté de Dieu. . Les petits globules blancs qui partent des sept Esprits de Dieu et qui sont dirigés contre les dards des sept Esprits de Satan, désignent l'action toute pour Dieu de ces sept Esprits de Dieu, action qui balance en nous celle des septEsprits deSatan qui est toute contre la vérité de Dieu, afin que l'action des septEsprits deSatan ne nous atteigne jamais au-delà de la force que nous avons pour la repousser. Les dards., qui partent des sept Esprits deSatan et qui sont dirigés contre l'action des sept Esprits de Dieu, désignent l'action qui balance en nous celle des sept Esprits de Dieu, afin que cette dernière action ne détruise pas notre libre arbitre. La ligne perpendiculaire qui est entre les sept et un globules blancs et les sept et un globules * Zacharie ch. IV. v. 10. Apoc. ch. V. v. 6.

[ vi ] noirs, et sur laquelle sont posés six globules plus ou moins noirs qui sont sous un globule presque tout blanc placé entre Jésus-Christ et Satan, dé signe le chemin que nous a tracé Jésus-Christ par j sa résurrection en Dieu de notre originelle mort à Dieu de laquelle il s'étoit chargé: or Jésus-Christ s'en étoit chargé, d'abord pour satisfaire à la justice de Dieu de toute sa personne d'homme né de Dieu homme Dieu; et en second lieu pour nous attirer la grâce d'être mis à même de ressus citer aussi de notre mort originelle à Dieu, en parcourant progressivement le chemin que JésusChrist nous a tracé, et qui consiste dans la prati que de la volonté de Dieu, pour traverser par cette pratique, le pour et le contre de la vérité d'un seul Dieu par dessus toutes choses, et par venir en l'unité de Dieu. Les barres qui croisent la ligne du milieu ou le chemin perpendiculaire, marquent l'action contraire qui traverse sans cesse le chemin tracé par Jésus-Christ et qu'il nous faut parcourir; et telle est la croix qu'il faut né cessairement porter * et surmonter entièrement par la pratique docile et persévérante des vertus chrétiennes, pour ressusciter en réalité de notre mort originelle à la vie éternelle de Dieu. Les six globules plus ou moins noirs qui sont placés sur la perpendiculaire du milieu, désignent ceux d'entre les hommes qui en faisant la volonté de Dieu se désidentifient insensiblement d'avec leur péché originel, vainquent et surmontent les demandes de Satan, et sont amenés par degrés dans la lumière de la connoissance de Dieu. Le globule presque tout blanc placé entre * S. Math. ch. XVI. v. 24.

[ vil ] Jésus-Christ et Satan au-dessus de la perpendicu laire, désigne les hommes qui, par leur persévé rance à frire la volonté de Dieu, ont obtenu la grâce d'effectuer leur réconciliation avec Dieu. Ces hommes ont été retirés du temps, quoique néanmoins ils restent assujettis au temps jusqu'au jour du jugement dernier comme tous les êtres de vie éternelle créés avant nous, et ils sont mis en correspondance de Jésus-Christ à eux sans inter médiaire. Le dard de Satan est tournj contre lui, parce que Jésus-Christ homme étant entré en l'unité dé Dieu, est lui-même la volonté de Dieu, laquelle, en laissant à toutes les créatures de vie éternelle le pouvoir de la faire ou de ne la pas faire et sans toucher à leur libre arbitre, repousse en elles toutes leurs volontés qui ne sont pas celles de Dieu.

N. B. Dieu qui est infiniment bon et miséricor dieux veut bien, avant de nous juger définitive ment, nous faire voir à nu que le spirituel et divin, la Religion qui en est l'expression, la mo rale et les vertus chrétiennes, sont des vérités et des réalités; de sorte qu'il n'est plus au pouvoir des incrédules de nous faire croire, comme par le passé, que ces vérités et réalités ne sont que de simples inexistences, attendu que chacun de nous va voir que leur existence est aussi réelle que nous paroît l'être l'existence des choses de l'uni vers corporel. Cela étant ainsi, et Dieu nous ayant créés libres de croire ou de ne pas croire en lui, de faire ou

[ vîu ] de ne pas faire sa volonté sans jamais nous forcer à la faire, il s'ensuit que nous ne devons forcer personne à faire la volonté de Dieu, ni empêcher personne de la faire. Ainsi chacun de nous reste encore, en se conformant toutefois aux lois établies dans chaque Royaume pour le maintien de l'ordre public, dans la liberté de croire ou de ne pas croire aux enseignemens que Dieu nous a donnés pour parvenir au salut éternel, de les suivre ou de ne pas les suivre dans la pratique, tout con> me dans la liberté d'entrer ou de vivre dans telle Communion qu'il lui plaira, suivant sa conscience, sans que personne puisse le forcer d'en changer. C'est l'affaire d'un chacun devant Dieu.

ERRATA. Pag. Lig. Au lieu de

Lisez Verbe. avoir dire réunion à qualité raison

verbe dvoir di-e réu nionia Pénult. qualite 20 35 26 rai on 37 péché 48 13 péchés * 4. l.Tim. 11. 5» 1 Tim. 11. 54 effacez de 26 58 Esprits 71 8 e prits ressusciter 72 24 ressuciter victoire 73 29 v ctoire davantage 106 26 d'avantage 11 les ]e 117 des Livres deslivres à 120 23 a devons 130 1 de von 14 fouberie fourberie 139 pas 2 par 146 28 dès des 24 mauvaises 165 mauvais 191 6 defaveur défaveur dern. ami 195 amis 196 dern. er en Die u ter en Dieu 204 Pénult. Enfin de ces Enfin, de ces 217 11 sesvoies ses voies 13 voise voies 14 contrarire contraire 218 jamais été et 7 jamais et 219 1 qui qu'il 10 été, et sera été, est, et sera, Séraphins 23 raphins 20 21

34 1 19

Pag, Lig. Au lieu de 219

922 231 252 253 297 303 304 307 319 329 331 339 343 344

345 346 372

L isez 27 Bien ' Dieu 34 et 35bersoin besoin 35 suppose supposer 31 indentifié identifié 7 remplisoit remplissoit 3 leurs leur 32 i 5 13 en ne 31 résistence résistance 15 contraction contradiction 4 li il Pénullt. suppostion supposition 25 plaisons plaisions 1 esquelles lesquelles 9 qui qu'y 27 crées créés 8 ressurection résurrection 10 ou où 11 écritures Ecritures 10 écritures Ecritures 32 prêcher, prêcher -s 20 pas par

Ce que ?ious avons été, ce que nous sommes et ce que nous deviendrons.

AL n'y a presque personne qui n'ait entendu parler des mathématiques, et cependant il y a très-peu de personnes qui sachent ce qu'elles sont en elles-mêmes : la raison en est que trèspeu prennent la peine de suivre les enseignemens qu'elles ont donnés d'elles-mêmes. Il est également vrai qu'il n'y a presque per sonne qui n'ait entendu parler de Dieu, et né anmoins il n'y a presque personne qui le connoisse en lui-même : la raison en est aussi, que bien peu prennent la peine de suivre les ensei gnemens qu'il nous a donnés de lui, afin qu'en les suivant nous parvenions à le connoître en lui-même. Veuillons donc regarder afin de voir, que si ceux qui suivent assidûment les enseignemens des mathématiques, que des hommes devenus mathématiciens nous disent de suivre, parvien nent insensiblement, mais certainement, à les connoître en elles-mêmes, et à voir que ce que, B

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les mathématiciens disent d'elles est véritable , de même si nous suivions assidûment les enseignemens de Dieu qui constituent la morale chrétienne, et que des hommes nommés minis tres de Dieu nous disent de suivre, nous par viendrions insensiblement à connoître Dieu qui nous a créés pour le connoître, et à voir que ce que ses ministres disent de lui et de ses œuvres, est véritable et non pas absurde. Remarquons que nous ne sommes parvenus à. connoître les sciences, arts et métiers, que nous connoissons déjà, que par eux-mêmes, c'est-àdire, en suivant ce qu'ils nous tracent d'euxmêmes, et non pas sans ce qu'ils nous tracent d'eux-mêmes : de plus nous ne pouvons dis convenir que si nous ne connoissions pas du tout les choses qui ne se sont présentées à nous pour la première fois qu'hier ou aujourd'hui, c'est parce que jusqu'à hier ou aujourd'hui nous n'avions rien vu ni entendu de ces choses. Puisque donc nous ne sommes parvenus à les connoître que par elles-mêmes, c'est-à-dire, en suivant ce qu'elles nous tracent d'elles-mêmes, il s'ensuit que nous ne devons pas non plus pouvoir parvenir à connoître Dieu, que par Dieu lui-même, conséquemment qu'en suivant ou pratiquant assidûment ses enseignemens. De sorte que si nous refusons de suivre les enseignemens de Dieu, il est visible que nous ne pourrons pas plus le connoître, ni par la même raison savoir combien nous perdons à ne pas le connoître, que ceux d'entre nous qui refusent de suivre les enseignemens des mathé matiques, ne peuvent connoître cette science,

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ni savoir ce qu'ils perdent en ne la connoissant pas. En effet, si lorsque les mathématiques nous donnèrent l'idée de leur existence, en se pré sentant à nous pour la première fois, nous eus sions tous refusé jusqu'à aujourd'hui de suivre les enseignemens qu'elles donnent d'elles-mêmes, nous serions encore tout autant ensevelis dans l'i gnorance de ce qu'elles sont, que les personnes auxquelles nous donnons l'idée de leur existence, et qui refusent de suivre leurs enseignemeris que nous leur donnons pour qu'elles parviennent à les connoître, restent visiblement ensevelies dans l'ignorance de ce qu'elles sont en ellesmêmes. Il en est de même de la connoissance de Dieu : et pour le faire mieux sentir, nous de vons d'abord observer que notre prévarication originelle nous avoit ravi l'entier souvenir de Dieu, de la même manière que les choses vers lesquelles nous portons attentivement nos re gards, nous ravissent, pendant le temps que nous les considérons, le souvenir de toutes les autres que nous avions déjà vues; de sorte que nous n'aurions même plus la moindre idée de leur existence dans la suite, si elles ne venoient elles-mêmes se présenter à nous de nouveau. Ainsi lorsqu'après notre prévarication origi nelle, Dieu nous donna de nouveau l'idée de son existence-, si nous eussions tous refusé jus qu'à aujourd'hui de suivre les enseignemens qu'il nous donna pour que nous parvinssions à le connoître, nous serions encore tous plongés dans l'ignorance où notre prévarication originelle nous avoit ensevelis ; laquelle ignorance nous B 2

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déroberoit jusqu'à la moindre idée de ccv que Dieu est en lui-même, de la même manière que ceux de nous auxquels nous parlons de son existence, et qui refusent de suivre ou de pra tiquer ses enseignemens que nous leur donnons pour qu'ils parviennent à le connoitre, restent visiblement engloutis dans leur ignorance origi nelle de Dieu. Mais de plus il doit nous être aisé de voir que si pour connoitre les mathématiques, il ne suffit pas d'entendre parler de cette science lé gèrement et sans y faire attention, ou d'être instruit, soit par une simple lecture, soit par une conversation passagère, du résultat de quel ques-unes de ses opérations, et qu'il nous faut en outre suivre assidûment leurs enseignemens qui nous sont tracés par les mathématiciens ; par la même raison, pour parvenir à connoitre Dieu, il ne nous suffit pas non plus d'entendre parler occasionnellement de lui et de ses œuvres, ni de lire les livres qui en parlent, mais nous devons nécessairement suivre avec assiduité ses enseignemens qui constituent la morale chré tienne. En un mot, lorsque nous désirons sincère ment sortir de l'ignorance qui nous dérobe la connoissance des mathématiques, nous sommes convaincus qu'il faut de toute nécessité suivre leurs enseignemens que les mathématiciens nous recommandent de suivre : concluons de là que si nous désirons sincèrement sortir de l'igno rance profonde qui nous dérobe la connoissance de Dieu, il faut nécessairement que nous sui vions ses enseignemens qui constituent la mo rale chrétienne, et que ses ministres nous re

[ 5 ] commandent de suivre. Nous n'hésiterons pas à tirer cette conclusion, si nous réfléchissons que nous ne sommes actuellement sortis de l'ignorance où nous étions jadis, non seulement des mathé matiques, mais de toutes -les autres choses que nous connoissons parfaitement, que parce que nous avons suivi avec assiduité les enseignemens de ces choses ; d'où il suit par une évidente analogie, que nous ne sommes maintenant dans l'ignorance de la connoissance de Dieu, que parce que nous n'avons pas suivi avec assiduité ses enseignemens, et qu'afin de parvenir à le connoître réellement, afin de pouvoir sortir de l'ignorance où nous sommes sur ce qui le con cerne, nous avons un besoin absolu de suivre ses enseignemens, c'est-à-dire de nous diriger assi dûment d'après eux. Voilà, n'en doutons pas, de quelle manière nous parviendrons très-réellement, quoiqu'insensiblement, à surmonter toute l'ignorance qui nous dérobe la connoissance de Dieu, à connoître de lui tout ce qu'il a voulu, en nous créant et nous émancipant, que nous connussions de lui ; et de plus à voir à découvert la vérité de tout ce que les livres Saints disent de lui et des créations que ce tout-puissant Dieu a faites ; des anges, du ciel, de la terre et des hommes ; ainsi que la vérité des chutes funestes de Lu cifer et d'Adam dont il est parlé dans ces livres ; à voir aussi que le fils de Dieu s'est réellement;fait homme ; qu'ensuite il s'est assujetti à nos peines et travaux, qu'il est mort et ressuscité ; que par là il nous a rachetés de notre esclavage origin el de Lucifer, et nous a attiré la grâce de Dieu son père de pouvoir nous ressusciter de

[ 6 ] notre mort originelle à Dieu son père, en suivant ou pratiquant assidûment la morale chrétienne, laquelle il a déposée entre les mains de ses apôtres ; à voir encore les vérités de la virginité d'âme et de corps de celle qui fut nommée par l'ange Gabriel bienheureuse et pleine de grâce; l'immortalité de notre âme émanée ou créée et émancipée immédiatement de Dieu ; des commu nications de Dieu avec les patriarches, les vrais prophètes, les apôtres de Jésus-Christ, et avec une quantité prodigieuse de personnes dénommées saints et saintes, à raison de l'Esprit de Dieu qui les possédoit ; Espri t de Dieu par lequel elles étoient totalement dépossédées de l'esprit de Satan ; en un mot nous parviendrions à voir que tout ce qui est contenu dans les livres chrétiens est vrai et non pas absurde, comme nous nous plaisons journellement à nous le persuader les uns aux autres, en ajoutant que les ministres du Dieu prétendu qu'ils annoncent, ne prêchent que des folies ou des inconcevabilités, et que ceux qui les écoutent sont des fanatiques ou des imbécilles. Notre aveuglement à cet égard est si grand que nous ne raisons pas même attention qu'en parlant ainsi des ministres de Dieu, en nous efforçant par nos paroles, nos écrits et ' notre conduite, de tourner en risée et en sarcasme leurs enseignemens, en fuyant comme des insensés ceux qui se conduisent strictement d'après ces mêmes enseignemens, nous allons contre nos intérêts les plus chers d'âme et de corps, parce qu'au moyen de cette conduite toute déraisonna ble et diabolique, nous faisons clairement en tendre à tous les individus de la sociéte, qu'ils

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ne doivent pas se diriger d'après les enseignemens des ministres de Dieu, mais seulement d'après les nôtres qui sont contraires ; qu'ainsi c'est leur dire équivalemment de se haïr, mépriser, jalouser, tourmenter mutuellement, de médire, calomnier, battre, et voler, de s'enlever réci proquement leurs propriétes de biens terrestres, leurs filles et femmes légitimes, leur paix, leur tranquillité, leur vie même, et de nous en faire autant à nous-mêmes sans nous épargner. Et tout en disant aux hommes de se diriger de cette manière entr'eux et contre nous, tout en con tinuant de dire et d'écrire que les ministres de Dieu ne sont que des charlatans qui ne débitent que des choses absurdes et inconcevables, tout en ridiculisant ceux qui se conduisent d'après leurs prédications, nous chassons par la plus étrange inconséquence, hors de nos maisons, ceux qui se conduisent d'après nos discours et nos écrits contraires à ceux des ministres de Dieu ; nous les faisons emprisonner, fouetter publique ment, bannir, ou pendre si nous le pouvons. Voilà ce qui devroit commencer à nous con vaincre que bien loin que nos prédications de nouvelle philosophie, contraires à celles des ministres de la philosophie de Dieu, nous aient ouvert les yeux et fait voir incomparablement plus clair que nos pères, comme il nous plait de le dire, au contraire elles nous ont absolu ment fermé les yeux et nous n'y voyons plus du tout, puisque nous ne voyons pas qu'en dé clamant contre les ministres de Dieu, contre leurs prédications et contre ceux qui se dirigent d'après elles, c'est comme si nous invitions ex pressément tous les individus de la société à ne

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se diriger que d'après les nôtres qui sont le con traire des leurs ; par conséquent c'est comme si nous les invitions à devenir par caractère tygres et léopards, lions, loups, renards, crocodiles, chiens, chats, serpens, scorpions, crapauds, vipères ou basilics ; en un mot à s'inquiéter, se chagriner, se tourmenter mutuellement, ou même à se dévorer les uns les autres et nous avec eux. Il est visible en effet que ceux qui ne se dirigent que d'après nos prédications contraires à celles des ministres de Dieu, deviennent plus ou moins ressemblans par caractère à ces animaux malfaisans, puisqu'ils se comportent entr'eux et envers nous comme nous voyons que ces animaux se comportent entr'eux et envers les hommes qu'ils rencontrent : de plus il est visibls que ces malheureux égarés par nos prédications, sont insensés et très-déraisonnables de se diriger d'après nos discours et nos écrits contraires à ceux des ministres de Dieu, puisque nous leur faisons arracher la liberté et la vie, uniquement à cause que se dirigeant d'après nos instructions, ils insultent, battent, volent et tuent, dès qu'ils le peuvent sans être aperçus. Et nous, en même temps que nous Jes faisons punir ainsi, nous continuons comme auparavant de dire et d'écrire, que les gens d'église ne prêchent que des absurdités et des inconcevabilités, et qu'il ne peut y avoir que des imbécilles qui s'amusent à les écouter. Convenons donc que ceux qui se dirigent d'après nos discours ou écrits contraires à ceux des ministres de Dieu, devraient enfin se dire à eux-mêmes, s'ils n'étoient pas tout-à-fait dé raisonnables

[ 9 1 raisonnables et aveugles : " Nous ne serions cer" tainement pas assez insensés pour nous en " rapporter aux discours que tiendraient contre " les Mathématiques, contre ceux qui les en%t seignent ou les suivent, des personnes que " nous saurions ne pas les connoître et qui se " glorifieroient de ne rien suivre de ce qu'elles " nous tracent d'elles-mêmes; nous serions " au contraire assez sages pour nous en rap". porter de préférence aux discours et aux " écrits des mathématiciens : comment donc "- pouvons-nous être assez déraisonnables pour ft nous en rapporter aux discours et aux écrits que " tiennent contre Dieu, contre ses ministres, et " contre ceux qui se dirigent d'après leurs pré" dications, des personnes que nous voyons ne " pas connoître Dieu, qui se glorifient de ne pas " se diriger conformément à ce que ses minis-** tres recommandent, et qui s'efforcent de nous " amener à méconnoître Dieu comme eux ? " Comment ne serions-nous pas asez sages pour " nous en rapporter à ce que disent de Dieu ses " ministres, puisque nous voyons que ces mêmes " personnes qui prêchent contre Dieu, contre ses " ministres et contre ceux qui se dirigent d'après " leurs instructions, sont les premières à pour** suivre à outrance ceux d'entre nous qui se " dirigent d'après leurs propres prédications con?' traires à celles des ministres de Dieu, à les " traiter de coquins, de gueux, de gens à rom" pre vifs ; tandis qu'elles sont très-soigneuses " de louer, de proclamer comme de braves gens, " dignes de toute confiance, ceux d'entre nous '' qui sont à leur service, et qui ne se dirigent " que d'après les seules prédications des minis-

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" tres de Dieu, 2n délaissement de toutes les " leurs." D'après ce qui vient d'être dit, chacun de nous, pour peu qu'il veuille regarder, doit commencer à voir que ceux qui ont cru bien faire, soit en prêchant le contraire de la morale que prêchent les ministres' de Dieu, soit en se dirigeant d'a près le contraire de cette morale, ont agi contre tous leurs intérêts de corps et d'âme, contre leur propre tranquillité, contre la sûreté de leurs fem mes et de leurs filles, et de leurs possessions de biens terrestres. La preuve en est que la mo rale des ministres de Dieu tend directement et visiblement au bien général et particulier de tous les individus de la société ; tandis que le contraire de cette morale tend directement et visiblement à porter tous les individus de la société à se tour menter et chagriner mutuellement, à se quereller, à se haïr réciproquement, à calomnier, à médire les uns des autres, à s'enlever leurs possesions de biens moraux et terrestres, à n'épargner per sonne, pas même ceux qui prêchent la morale dont il est question, enfin à mener tous les indi vidus sans exception et en dépit de leur volonté, comme nous menons les bœufs, les chevaux, les mulets et les ânes, que nous employons à notre profit contre leur volonté. Ouvrons donc les yeux et nous verrons, que parmi ceux qui se dirigent d'après les prédi cations contraires à celles des ministres de Dieu, il n'en est pas un seul qui n'agisse plus ou moins grossièrement, plus ou moins ouvertement, con tre le repos et la, sûreté de tous les individus de la société ; qu'au contraire parmi ceux qui se dirigent conformément aux prédications des mi

C n 3 nistres de Dieu, il n'y en a pas un seul qui n'agisse directement ou indirectement pour le repos et la sûreté de tous les individus de la société. Cela étant incontestable, il est de notre inté rêt moral et temporel que nous cessions de nous diriger le moins du monde d'après la morale contraire à celle des ministres de Dieu, et que nous commencions à nous diriger sans relâche d'après la seule morale des ministres de Dieu. Nous le devons d'autant plus, que la pratique de cette morale nous procurera un autre avantage bien plus considérable, celui d'entrer graduelle ment dans la connoissance certaine de Dieu ou dans le royaume des cieux d'où notre péché ori ginel nous a exclus, en nous précipitant morale ment dans l'habitation des- démons et sous leur puissance, et temporellement dans celle des ani maux déraisonnables, où comme eux, nous som mes dans l'ignorance absolue de tout ce qui est Dieu et de Dieu, pendant tout le temps que nous ne profitons pas de la grâce que Dieu nous a accordée pour le connoître. Ici il nous est utile de savoir que pour entrer dans la véritable connoissance de Dieu ou dans le royaume des cieux, il ne nous suffit pas de savoir par oui-dire, d'avoir lu et retenu par cœur, 3ne Dieu est, et qu'il est l'unique Dieu, que ésus-Christ en tant qu'homme est né de Dieu homme Dieu, en faisant la volonté de Dieu ; volonté que nous refusâmes originellement de faire, pour n'accomplir que celle de Satan, mal gré la défense positive que nous avions reçue de Dieu ; que Marie est bienheureuse, vierge d'âme et de corps par sa plénitude de grâce ; que Dieu v> 2

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est l'unique créateur des anges, de nous tous, du ciel et de la terre ; que le péché originel nous ayant ravi pour toujours la communication de Dieu et avec elle le bonheur éternel, en nous as sujettissant au malheur éternel, Jésus-Christ le fils bien-aimé de Dieu s'étoit volontairement sou mis à nos peines et à nos travaux, afin de nous réattirer par ce moyen la communication de Dieu son père : Il ne nous suffit pas non plus de savoir que Dieu a parlé aux hommes et leur a révélé la morale chrétienne; qu'il a émancipé de lui notre âme et que cette âme est immortelle ; qu'il y a un séjour de bonheur inaltérable et conti nuel, et un séjour de peines continuelles, qu'en tre le séjour de bonheur et celui de peines, il y a un séjour de purification dans lequel nous som mes actuellement, et dans lequel Jésus-Christ qui se tient placé entre Dieu et nous, nous porte à faire la volonté de Dieu, pour qu'en la faisant nous traversions par une montée insensible tout ce séjour, et qu'ainsi nous parvenions dans le jour du repos de Dieu ; que dans ce même, séjour de purification, Satan qui est placé entre Dieu et nous, nous porte à ne pas faire la vo lonté de Dieu ; d'où il arrive que si nous l'écoutons au lieu d'écouter Jésus-Christ, nous tra versons également et d'une manière insensible tout ce séjour, mais au rebours, et nous parve nons à un terme diamétralement à l'opposé du jour de Dieu : enfin il ne suffit pas de savoir, par le moyen de l'étude et de la mémoire, tout ce que les patriarches, les prophètes, les apôtres, et les anges m/mes peuvent connoitre de Dieu et de ses œuvres. En effet toutes ces connoissances ne nous feroient pas entrer dans le ro

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yaume des deux ; car pour y entrer, il fau^ . absolument que nous naissions de nouveau, con formément à ces paroles de Jésus-Christ, Si vous ne renaissez de nouveau, vous n'entrerez point dans le royaume des deux.* Or pour naître de nouveau, il faut que nous cessions entièrement de nous diriger d'après les discours et les écrits des apôtres de Satan qui contredisent et ridiculisentceux des apôtres de Jé sus-Christ ; il faut qu'au contraire nous nous effor cions sans cesse de nous diriger d'après les écrits et les discours des apôtres de Jésus-Christ, pour par cette nouvelle direction remplir la promesse que nous fimes au baptême, de renoncer à Satan et à ses pompes, et de vivre en bons chrétiens ; c'est-à-dire de nous diriger d'après la seule volonté de Dieu qui constitue la morale chré tienne, et de ne pas nous diriger comme nous le faisons journellement d'une manière conforme à la volonté de Satan, qui nous porte à ne rien faire de ce que la morale chrétienne recommande et à faire tout ce qu'elle défend. Mais si nous nous dirigeons à l'opposé de ce que nous pro mîmes au baptême, dès lors nous resterons dans notre mort originelle à Dieu, nous resterons dans notre naissance originelle de Satan, et sous sa puissance où le péché originel nous a précipités, comme le disoit Saint Paul à ses disciples : Nous sortons de Dieu, mais nous sommes sous la puis sance de Satati. Pour comprendre comment nous sommes sous Ja puissance de Satan quoique nous sortions de Dieu, il faut savoir qu'après que Dieu nous eut

* S. Jean, 3. 3.

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émancipés de lui sous la condition que nous acceptâmes librement, de faire en présence de Lucifer vers lequel il nous envoyoit, sa volonté qu'il nous avoit tracée, il nous plut très-volon tairement de ne pas faire la volonté de Dieu, mais de faire au contraire celle de Lucifer ; ce fut cette désobéissance qui nous fit sur le champ mourir à Dieu et naître de Lucifer, lequel dès lors nous a tenus sous sa puissance. Nous y sommes encore, et c'est par sa puis sance que nous agissons, tant que nous refusons de faire la volonté de Dieu, comme nous en avons le pouvoir : en effet Dieu nous a accor dé la grâce par les mérites de Jésus-Christ son fils bien-aimé et par la bienheureuse vierge Marie sa mère, de pouvoir fiiire sa volonté, même en étant sous la puissance de Lucifer, afin qu'en la faisant nous traversions et surmontions insen siblement toute cette puissance de Lucifer de venu Satan, et que nous allions nous réunir à Dieu en unité ; par conséquent afin que nous mourions totalement à l'action de notre nais sance originelle de la vie de Satan, et que nous naissions de Dieu. Que si nous refusons de faire la volonté de Dieu, nous ne surmonterons pas le plus petit de gré de la puissance de Satan ; nous resterons dans notre naissance originelle de la vie de Satan; nous resterons dans notre mort originelle à Dieu, et conséquemment morts à la jouissance de la véritable raison qui est Dieu, quoique peut-être nous pensions que nous n'y sommes pas morts et que nous en jouissons. Nous serons à cet égard comme de petits enfans, qui n'ayant pas encore traversé et surmonté le temps que les

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hommes de quarante ans se trouvent avoir sur monté, sont visiblement morts à la jouissance de la raison des hommes de quarante ans, quoiqu'ils pensent qu'ils n'y sont pas morts. Ainsi par notre refus de faire la volonté de Dieu, nous resterons continuellement morts à la jouissance de la véritable raison qui est Dieu, laquelle nous sera dérobée par la puissance de Satan sous laquelle nous sommes, comme l'espace du temps qui est entre les petits enfans et les hommes de quarante ans, dérobe à ces enfans la saine raison des hommes de quarante ans. Par là même nous ne penserons, c'est-à-dire, nous ne regarderons, parce que penser ou regar* der est égal, conséquemment nous ne verrons, rous ne concevrons en nous, c'est-à-dire, nous ne voudrons, et nous ne nous dirigerons, que tout au rebours de la raison réelle qui est Dieu, et par une suite nécessaire tout au rebours de nos véritables intérêts corporels, moraux et spiri tuels : c'est ainsi que nous voyons les petits en fans ne penser ou ne regarder, ne voir, ne con cevoir ou ne vouloir, et ne se diriger qu'au rebours de la saine raison des hommes de qua rante ans, et par conséquent contre leurs véri tables intérêts corporels, moraux et spirituels : c'est encore ainsi, que nous, en ne. regardant les prédications des ministres de Dieu que par les nôtres, c'est-à-dire, par l'absurdité et le ridicule que nous supposons en elles, ne voyant alors absolument rien de la vérité qu'elles contiennent, nous ne nous dirigeons que d'après les nôtres qui sont le rebours des leurs, conséquemment contre tous nos véritables intérêts, puisque par le fait nous nous tourmentons journellement, et

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travaillons à nous enlever mutuellement jusqu'à la moindre parcelle de nos biens spirituels et temporels. Aussi il est arrivé, qu'en ne regardant les prédications des ministres de Dieu que par les seules nôtres, nous sommes insensiblement pres que tous tombés dans la croyance, qu'après que nous serons corporellement morts, nous ne serons pas plus existans, que si nous n'eussions jamais existé ; et de cette croyance est éclose dans le cœur de presque nous tous cette anarchie qui tend visiblement à anéantir toutes les doctrines qui nous sont avantageuses, en cela semblable à la mauvaise herbe qui croît vite et tend à étouffer, comme si elle en avoit la volonté, toutes celles qui nous sont bonnes et que nous cultivons à la sueur de notre front. C'est en effet à quoi tend visiblement cette anarchie, ainsi que nos plaisanteries continuelles et le ridicule que nous versons sur les ministres de Dieu, sur leurs enseignemens, sur ceux qui les croient et les pratiquent que nous traitons d'imbécilles et d'idiots ; sur les rois entre les mains desquels Dieu a mis l'épée de sa justice pour s'en servir contre les violateurs publics de la morale chrétienne, comme il l'a mise entre les mains de Saint Michel Archange, pour s'en servir contre les violateurs intérieurs de cette même morale chrétienne : ces plaisanteries,disonsnous, croissent vite, et s'empressent d'étouffer tout ce qui nous est bon, tout ce qui nous rendroit heureux, et à nous faire devenir réci proquement nos plus dangereux ennemis. ^ Et ce n'est pas seulement sur nous,hommes baptisés, que s'étend l'influence pernicieuse de nos pré dications

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dications et de notre conduite journalières con traires à la morale chrétienne ; elle s'étend à tous les peuples de la terre, que nous portons également à agir entr'eux et envers nous d'une manière diamétralement opposée à cette même morale, par conséquent en opposition avec leurs vrais intérêts temporels, moraux et spirituels. Dans le temps qu'il est évident que si les individus et les peuples se dirigeoient d'après la seule morale chrétienne, dès lors chacun n'agiroit que pour l'avancement des véritables intérêts de tous, pour la paix, la concorde, la sûreté, la protection, le soulagement et la conservation de tous. Alors chacun étant tranquille sur la possession de ses biens terrestres, n'ayant rien à redouter pour sa femme, sa fille, ses enfans, son argent, et sa propre vie, on n'auroit plus besoin de serrures et de verroux ; on se bornerait à défendre sa maison des injures du temps, des animaux nuisibles, de la poussière et de la fumée. Bien plus, l'usage des armes offensives, des fusils, des canons et de la poudre, cesserait en tièrement, excepté pour la chasse ou contre les p.nimaux malfaisans, ou en signe de réjouis sance publique, et d'action de grâces pour les grands et signalés bienfaits de Dieu envers les hommes, tels que la naissance de Jésus-Christ, l'institution de l'Eucharistie, sa résurrection, son ascension, l'envoi du Saint Esprit aux apôtres, ou pour d'autres fêtes destinées à célébrer la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie, de Saint Jean Baptiste, et des apôtres. Dès lors il n'y aurait plus de guerres entre les peuples, à moins qu'un d'eux ne venant à cesser D

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de se diriger par la morale chrétienne, ne formât des entreprises pour obliger les autres à suivre son exemple et à marcher en sens contraire, auquel cas les autres peuples se réuniroient pour l'empêcher de pénétrer dans leur territoire, ou pour l'en chasser s'il y étoit déjà entré. Alors la guerre contre ce peuple, qui par sa conduite se déclarerait l'ennemi juré des autres, ne devrait pas se faire par un esprit de haine ou de vengeance, ce qui serait désobéir à Dieu et obéir à Satan ; mais uniquement dans un esprit de pitié fraternelle, et dans le charitable dessein de porter ce peuple à revenir de ses égaremens, et à rentrer en l'union des autres qui se diri geraient parla morale chrétienne, sur laquelle les lois de toutes les nations seraient calquées. , Ces vérités sont si claires qu'elles ne peuvent être désavouées que par le mensonge : il n'est donc pas vrai, comme nous le disons journelle ment, que les prédications des ministres de la philosophie de Dieu, ne sont que des ténèbres qui nous aveuglent, et que celles des apôtres de la philosophie de Satan sont des lumières d'après lesquelles nous voyons plus clair : il faut donc reconnoitre que si les nations diverses et tous les individus se dirigeoient d'après la seule philosophie de Dieu, qui nous est prêchée par ses ministres, ils ne feraient tous ensemble qu'un seul homme d'ordre, de paix, de support, et de consolation réciproque ; ils ne formeraient qu'un peuple de frères, parce que tous regarderaient, concevraient en eux, et agiraient par le seul Esprit de Dieu qui est un esprit d'union et de charité, et qui constitue la morale chrétienne. Au contraire, s'il plaisoit aux nations et aux

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individus de se diriger tout au rebours de la philosophie de Dieu, d'agir d'après la seule philosophie que Lucifer s'est faite en se disant Dieu, égal à Dieu, indépendant de Dieu, phi losophie que ses apôtres prêchent parmi nous, on verrait tous les hommes, saisis d'une crainte continuelle, s'attaquer sans cesse, chercher à se dépouiller l'un l'autre, et même s'arracher la vie, sans que néanmoins un seul d'entr'eux pût par venir à conserver la sienne heureuse et paisible : ils passeraient ainsi leurs' jours dans des fatigues perpétuelles de corps, de peine d'âme, et de grand travail d'esprit, parce que chacun d'eux ayant délaissé l'usage de son caractère d'homme raisonnable, auquel Dieu a donné la ressemblance du sien, ne regarderait, ne con cevrait, et n'agirait, que par Je caractère d'un des animaux déraisonnables issus de la terre ; et tous étant ainsi, chacun se verrait continuelle ment entouré de tous les autres qui ne cher cheraient qu'à le dévorer. Les conséquences de tout ceci sont faciles à tirer. Elles présentent deux tableaux opposés du genre humain dans les deux suppositions différentes établies ci-dessus. Le premier offre la peinture de la paix et de l'amitié entre tous les individus de la société, s'ils se dirigent d'après la seule philosophie de Dieu. Le second ne laisse apercevoir que la haine et la discorde, s'ils se dirigent d'après la seule philosophie de Satan. Le premier donne à tous l'espérance certaine d'entrer insensiblement dans un état de bonheur < et de pur bien-être, parce que Dieu est le bonheur par essence, tandis que séparés de lui, hors des voies qu'il nous a tracées, nous ne pouD2

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vous qu'être dans le malaise, comme hors de la lumière temporelle, nous ne pouvons qu'être dans les ténèbres temporelles. Le second n'offre que la certitude d'arriver insensiblement à un état de pur malaise et de malheur, parce que la philosophie de Satan n'a rien de solide et de réel qui puisse nous procurer le bonheur; elle n'est en elle-même qu'un vrai néant : elle consiste en dernière anaiise dans la seule assertion de Satan qu'il est Dieu égal à Dieu ; elle n'est en lui que la simple apparence ou irréalité de la réalité qui est Dieu; Satan n'étant Dieu que par son dire qu'il est Dieu, au lieu que Dieu est Dieu par essence, et sans avoir besoin de dire qu'il l'est : de sorte que malgré les beaux dehors par lesquels Satan nous trompe, il est vrai de dire qu'en nous attachant à lui, en suivant sa philosophie, nous quittons l'être réel pour nous confier au néant. Nous avons dit, et il faut l'expliquer davan tage, qu'après que Dieu eut émancipé Adam à son libre arbitre sous la promesse préalable de faire en présence de Lucifer la volonté de Dieu, Adam refusa de la faire, et préféra de faire celle de Satan. S'il eût fait celle de Dieu, il fût dès lors entré en son union éternelle : en union avec Dieu, il eût constamment porté Lucifer et ses adhérens à faire la volonté de Dieu que Lucifer avoit re fusé de faire, afin qu'en la faisant ils sortissent de dedans l'irréalité ou l'apparence de la réalité de Dieu, dans laquelle Lucifer venoit de s'enve-. lopper en se disant être par lui-même indépen damment de Dieu tout ce que Dieu est. C'est ainsi que le fils éternel de Dieu ou le verbe qui est Dieu, s'étant fait homme, cet homme après

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avoir fait la volonté de Dieu qu'Adam venoit dé refuser de faire, conséquemment s'étant enve loppé de la réalité qui est Dieu, est entré en l'union éternelle de Dieu ; c'est ainsi qu'en union de Dieu, il nous porte constamment à faire la volonté de Dieu, afin d'entrer comme lui en l'union éternelle de Dieu, et par conséquent afin de nous désensevelir insensiblement de des sous toute la puissance de Satan, sous laquelle nous sommes originellement tombés pour avoir préféré de faire la volonté de Satan à celle de Dieu, dans le faux espoir d'être des Dieux égaux et semblables à Dieu, par nous-mêmes, et indé pendamment de lui. Adam avant refusé de faire la volonté de Dieu, et ayant fait celle de Lucifer, tomba dès lors dans le contraire ou la contradiction de la réalité que Dieu fut Dieu par essence ; contradiction que Lucifer venoit d'enfanter par son dire qu'il étoit Dieu, égal à Dieu, et qu'il avoit le pouvoir de vouloir et d'agir indépendamment de Dieu, comme Dieu veut et agit de lui-même independamment de tout autre. C'est en effet dans la contradiction de cette vérité qu'il n'y a qu'un seul et unique Dieu, que nous nous sentons tous abîmés et précipités : c'est par elle que nous ne cessons de penser ou regarder, de concevoir ou vouloir, et d'agir, au lieu de penser ou regarder, de concevoir et d'agir, par Je vrai qui est Dieu unique par essence, et conséquemment par la morale chrétienne, par laquelle ses ministres nous recommandent de nous diriger sans cesse. Adam ayant manqué -d'opérer sa ré unionà Dieu qui étoit le but de son émancipation, Adam

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destiné à être en présence de tous les êtres de vie eternelle d'alors, et pour les amener au bon heur, l'organe de la volonté de Dieu, devint en présence de ces mêmes êtres et pour leur malheur et le sien, l'organe de la volonté de Satan. Telle est l'origine de ce penchant funeste qui nous porte à ne pas faire la volonté de Dieu plu tôt qu'à la faire. Désunis cî'avec Dieu et réunis à Satan, nous suivons aisément les insinuations de ce dernier qui nous porte sans cesse à ne rien faire de ce que Dieu nous a prescrit par ses servi teurs, ses prophètes et ses apôtres. Néanmoins isi nous n'adhérons à Satan par un acte de notre Ipropre volonté, il ne peut jamais nous empêcher /d'agir conformément à ce que Dieu prescrit, parce que Dieu , par les mérites de Jésus-Christ son fils bien-aimé et par la bienheureuse Vierge Marie sa mère, nous a accordé la grâce de pou voir faire sa volonté, malgré tous les efforts de Satan pour nous en empêcher. En vertu de cette grâce, Dieu empêche que Satan ne nous tente au-delà des forces qu'il nous donne pour le repousser : nous le repoussons en effet, toutes les fois que nous agissons conformément à la volonté de Dieu, c'est-à-dire, quenous nous dirigeons d'a près la seule morale chrétienne,dans laquelle Satan ne peut pas plus pénétrer, tant qu'il conserve ses sentimens diaboliques, que nous ne pouvons corporellement mettre le pied au delà de la terre : nous le repoussons, disons-nous, parce que nous dirigeant par la morale chrétienne, nous recevons l'esprit de Dieu qui la constitue, et nous nous vidons d'autant de celui de Satan qui constitue le contraire de la morale chrétienne ; puis en

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persévérant dans cette marche, nous parvenons à vaincre et surmonter insensiblement toute la contradiction que Satan nous fait de Dieu, à entrer en communication directe de Jésus-Christ à nous, et par l'usage de l'action de ce divin maître qui est uni à Dieu, nous contenons Satan, et nous prévenons la réussite de . ses desseins contre nous, qui sont contraires à ceux de Dieu pour nous. Afin de connoître de plus en plus la nature et les effets du crime de Lucifer, qui par sa révolte est devenu Satan ou opposé à Dieu, il faut observer que le vou'oir de Dieu vient de lui seul, sans le secours d'autre chose que lui-même: il n'en étoit pas ainsi de Lucifer, qui n'a pu vou loir être Dieu égal à Dieu, sans une connoissance préliminaire de Dieu, et cette connois.sance préliminaire, il étoit dans l'impossibilité de la trouver en lui-même, puisqu'il n'étoit pas Dieu. En effet il est clair eue nous ne pouvons (et il en étoit de même de Lucifer et des anges) avoir de volonté, sans que notre pensée ou regard se rap porte à une chose particulière ; c'est-à-dire, que pour vouloir il faut avoir regardé une chose ou un objet quelconque, et que pour avoir pu regar der cet objet, il a fallu qu'il se soit présenté devant nos yeux spirituels ou corporels. Or pour que quelque chose ait pu se présenter devant nos yeux spirituels ou corporels, il a fallu qu'elle fût déja existante, puisque sans son exis tence il nous seroit impossible de la regarder ou d'y penser ; ne pouvant la regarder, nous ne pourrions avoir aucune volonté qui y fût relative, c'est-à-dire, nous déterminer pour ou contre,

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attendu que nos volontés ou déterminations pro cèdent de nos conceptions, et nos conceptions du regard que nous avons fait des choses, les quelles procèdent de Dieu qui les a créées. Aussi avons nous reconnu comme incontestable en commençant ce Traité, que nous n'avons connu les objets que nous connoissons déja, que par eux-mêmes; de sorte que nous ne parlons jamais, ni ne pouvons parler d'aucune chose, soit pour, soit contre ce qu'elle est en elle-même, à moins qu'elle n'ait été vue, ou entendue, ou sentie par quelqu'un de nous, qui a communiqué aux au tres la connoissance qu'il en a. Le néant luimême, le rien, l'irréalité, suppose l'existence d'autres objets, puisqu'enfin le néant n'est autre chose que n'être pas ce qui est, de même qu'une ombre n'est pas l'objet qu'elle représente, quoi qu'elle en suppose l'existence. Maintenant nous pouvons supposer d'avance, ce que moyennant la grâce du seul véritable Dieu, nous ferons voir clairement dans la suite de ce Traité qui annonce le second et dernier avènement de Jésus-Christ, comme les prophé ties ont annoncé son premier avènement, savoir, que Dieu est la source unique de toutes les choses existantes, et dont nous avons l'idée, étant par sa nature l'être, la réalité par excellence, et la cause suprême de toutes les autres réalités. En attendant, nous disons que Lucifer de venu Satan, ou contradicteur de la réalité que Dieu soit unique Dieu , réalité dont il se sert pour la contredire, n'a pu avoir la pensée de se dire Dieu, égal à Dieu, indépen damment de Dieu, sans avoir eu préalablement une connoissance quelconque de Dieu ; et cette connoissance

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connoissance il ne pouvoit pas la trouver en luimême puisqu'il n'étoit pas Dieu : il avoit donc fallu que Dieu eût fait voir à Lucifer tout ce qu'il jugeoit à propos de lui manifester touchant son essence et ses œuvres ; manifestation de Dieu sans laquelle Lucifer n'auroit jamais pu rien dire ni penser pour ou contre Dieu, parce que sans elle il n'en auroit pas eu la moindre idée, conséquemment il lui eût été de toute impossi bilité de se dire égal et semblable à lui. Ce fut après cette manifestation quelconque, de Dieu à Lucifer, ce fut après que ce dernier eut vu, ou entendu, ou senti l'existence de Dieu, qu'il lui devint possible de regarder ou de penser à Dieu, soit pour, soit contre la réalité de son existence en qualité de Dieu unique. D'après son regard ou sa pensée, il eut la faculté de con cevoir ou se déterminer; et d'après sa concep tion il put vouloir (mais non pouvoir) agir en raison de ce qu'il avoit conçu, soit pour, soit contre ce que Dieu lui avoit fait voir de luimême. Or Dieu avant d'émanciper Lucifer à son libre arbitre, se fit connoître à lui comme le Dieu unique existant de lui-même, comme le seul créateur et émanateur d'êtres de vie éternelle : Vêtant ainsi fait connoître à Lucifer, il lui offrit de l'émanciper à son libre arbitre sous la condi tion formelle de le regarder comme tel dès qu'il l'auroit émancipé ; lui disant que s'il le regardoit ainsi, il le verroit et le concevroit en lui-même tel qu'il est réellement, et que par ce moyen il deviendroit sa parfaite ressemblance et entreroiten son union éternelle. A cette promesse Dieu ajouta que si Lucifer, ayant une fois accepté la E

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condition mise à son émancipation, ne regardoit pas Dieu comme le Dieu unique, comme le seul créateur et émanateur de tous les êtres de vie éternelle, dès lors il iroit contre la vérité de ce que Dieu lui avoit dit touchant son essence, et que s'il le concevoit ainsi en lui-même, son par tage seroit l'apparence ou l'irréalité de toute la réalité de Dieu dont il avoit eu la connoissance, apparence ou irréalité qui l'encercleroit dans un malheur éternel. Lucifer ayant librement ac cepté cette condition qui lui étoit offerte et pro mis de s'y conformer, Dieu l'émancipa à son libre arbitre : mais à peine eut-il été émancipé, qu'au lieu de faire, ainsi qu'il l'avoit promis, ce que Dieu venoit de lui tracer, au contraire il s'en détourna pour se mettre volontairement à regar der ou à penser que sans doute Dieu devoit tenir son existence d'un autre que de lui-même, com me lui Lucifer tenoit la sienne de Dieu ; qu'ainsi il étoit tout ce que Dieu lui avoit dit qu'il étoit lui-même, par conséquent créateur d'êtres de vie éternelle qui tiendraient leur existence de lui, comme lui la tenoit de Dieu, et comme Dieu la tenoit d'un autre. D'après ce regard ou cette pensée directement contraire à ce qu'il avoit promis à Dieu, duquel il savoit tenir son existence, il détermina ou con çut en lui-même, malgré les reproches que la bonté de Dieu lui faisoit intérieurement ressentir, d'aller contre sa promesse, et contre ce que Dieu lui avoit dit de sa réelle existence de lui-même indépendamment de toute autre : ainsi il conçut en lui-même la contradiction de cette verité, que Dieu est par essence le seul' Dieu et le seul cré ateur, et par conséquent il conçut qu'il étoit égal à Dieu.

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Mais Dieu qui est infiniment bon et miséricor dieux, Uieu qui veut toujours le bonheur de ses créatures, et jamais leur malheur, comme nous en conviendrons tous dans la suite de ce Traité, ne permit pas que d'après cette détermination ou conception de Lucifer, lui et ses adhérens souf frissent les peines de l'éternité qu'ils venoient de s'attirer en violant la promesse librement ac ceptée par eux ; en conséquence, il voulut bien ne pas leur retirer sa communication de lui à eux qu'ils venoient de s'intercepter: sans cette com munication, ils eussent en effet été sur le champ plongés dans les peines de l'éternité, qui consis tent dans le néant ou la privation de la réalité, qui est Dieu, privation jointe à la connoissance intuitive de l'éternelle réalité qui est Dieu ; d'où résulte une tendance continuelle, un desir toujours brûlant de la posséder, et l'affreux tourment de ressentir en soi tout l'opposé de cette réalité, qui est, comme on le voit alors manifestement et sans interruption, le seul vrai^le seul bien-être infini et inaltérable. Dieu dorrc résolut de continuer à Lucifer et à ses adhérens sa communication de lui à eux, et afin de les séparer de l'éternité, dans laquelle ils ne pouvoient qu'endurer les peines de l'éternité dues à leur révolte, il créa le temps dans lequel il les renferma, pour qu'en sa divine présence, et en celle de tous les êtres de vie éternelle créés avec eux, ils s'y manifestassent, soit en contradiction de la réalité que Dieu est existant de lui-même de toute éternité, comme ils l'avoient déjà conçu, soit pour la réalité que Dieu est le seul Dieu existant de lui-même de toute éter nité, comme avant leur émancipation ils avoient E2

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promis de le faire dès qu'ils seroient éman cipés. Or pour qu'ils pussent se manifester dans le temps pour ou contre la réalité que Dieu est seul Dieu, Dieu leur laissa le libre arbitre dont il les avoit pourvus en les émancipant, et y joignit le souvenir tant de la promesse, que de la violation de la promesse acceptée librement par eux, de se manifester au moment de leur émancipation en faveur de la réalité que Dieu est seul Dieu. De plus, dans la vue de leur continuer sa communication de lui à eux, afin de les porter à reconnoitre leur erreur et à revenir à lui, il donna à l'homme qu'il leur envoya, la mission de faire en leur présence tout ce qu'eux-mêmes avtnerrt refusé de faire^ afin que par là se ré unissant à Dieu en unité, il devînt incomparaiblement plus puissant qu'ils ne le sont en vertu de leur prétendue égalité avec Dieu, et prît absolument le dessus de leur imaginaire puis sance d'égalité avec celle de Dieu ; le tout afin que ces révoltés, voyant que l'homme,1 creature de Dieu comme eux, étoit devenu plus puissant sur eux qu'il ne l'étoient sur lui à raison de leur prétention d'égalité avec Dieu, par cela seul qu'il avoit reconnu Dieu comme le seul vrai Dieu existant de lui-même, ils vissent que Dieu est réellement le vrai seul Dieu, le seul Créateur, ainsi qu'il le leur avoit dit avant que de les émanciper à leur libre arbitre ; que leur égalité avec Dieu n'est qu'un néant, une chi mère ; et que par là ils se trouvassent engagés à confesser volontairement à Dieu leur faute, et à le prier par l'homme sa créature fidèle et chérie,

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de la leur pardonner et de les amener en son union éternelle : dès lors, l'homme déjà entré en l'union éternelle de Dieu, l'auroit prié de pardonner leur faute ; Dieu eût exaucé sa prière, et eux s'effbrçant de pratiquer les enseignemens de l'homme, seroient insensiblement Earvenus par la miséricorde et la justice de >ieu, à se désidentifier d'avec leur chimerique égalité avec Dieu, à se remplir de la vérité que Dieu est le seul vrai Dieu, le seul créateur; enfin, pendant la durée du temps créé, ils seroient parvenus à faire leur réconciliation avec Dieu; puis à la fin de la durée du temps créé, Dieu les auroit réunis en son union éternelle, comme l'homme y eût été déja réuni pour avoir fait tout de suite après son émancipation la volonté de Dieu. Mais Dieu ne leur eut pas plutôt envoyé l'homme, que, par la faute bien volontaire de l'homme, Lucifer devenu Satan, commença à l'attaquer, et à l'attaquer en Dieu indépendant, égal kmblable en tout à Dieu, conformément à l'idéejjpi'il avoit conçue en lui-même d'une prétendue égalité ; et comme cette égalité n'avoit d'autre fondement que la simple asser tion de Satan, qui se qualifie Dieu sans l'être, il s'ensuit qu'il attaqua l'homme en faux Dieu, en opposition du seul vrai Dieu, qui est tel de toute éternité et sans avoir besoin de le dire. L'homme s'étant ainsi laissé volontairement attaquer par Satan, faute d'avoir rien fait de ce qu'il avoit promis à Dieu de faire dès qu'il seroit émancipé, ne tarda pas à être totalement séduit par les discours insidieux de Satan, qui le flatta de l'espoir d'être Dieu par lui-même et

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indépendamment de Dieu, dont il deviendroit l'égal. Si Adam eût fait la volonté de Dieu, le ré sultat eût été que toutes les créatures de vie éternelle d'alors, Lucifer compris, eussent vu par lui que Dieu est le véritable unique Dieu. Mais Adam ayant refusé de faire la volonté de Dieu, Dieu se fit hommç et vint en homme à son secours; d'où il arriva, comme on le verra dans la suite de ce Traité, que toutes les créatures de vie éternelle se trouvèrent placées comme entre deux volontés éternelles et diamétralement opposées ; à savoir l'une de Jésus-Christ, tenant pour l'existence de Dieu comme seul vrai Dieu, et l'autre de Satan contre l'existence de Dieu comme seul vrai Dieu ; et ce fut ainsi que toutes ces mêmes créatures de vie éternelle commen cèrent à être actionnées, comme indépendam ment du seul et unique vrai Dieu, par deux volontés aussi contradictoires que le oui et le non, et comme par deux Dieux parfaitement egaux et indépendans l'un de l'autre. C'eslJ i que par l'effet: de la misericorde de Dit ^^îôus -sentons nous-mêmes tous actionnés par ces deux volontés contradictoires ; car notre prévarication originelle nous ayant soumis à l'empire de Satan, nous étions tombés dans l'impossibilité de faire la volonté de Dieu : mais heureusement, et que son nom en soit à jamais glorifié, il nous a accordé, par les mérites de Jésus-Christ son fils bien-aimé et par la bienheureuse Vierge Marie sa mère, la grâce de pouvoir de nouveau faire sa volonté. Telle est l'origine et la cause de cette illusion qui nous poursuit sans relâche, par laquelle il

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nous paroît qu'il y a deux Dieux, quoiqu'il n'y en ait qu'un seul réellement existant de luimême et de toute éternité, comme nous en conviendrons tous dans la suite de ce Traité, qui démontre la fin du règne de la contradiction de ces vérités, savoir, que Dieu est l'unique Dieu et sa philosophie l'unique vraie, contradiction qui nous est venue de Satan et qu'il nous présente sans cesse de même qu'à tous les êtres de vie éternelle que les livres saints font connoître par leurs diverses dénominations. Mais le règne de cette contradiction étant en fin anéanti pour toujours, puisque nous ne voyons pas que Dieu ne soit pas l'unique Dieu et sa philosophie l'unique vraie, à cette con tradiction en succède une autre non moins dan gereuse : car Lucifer se disant Dieu égal à Dieu parce qu'il le regarde comme tenant son exis tence d'un autre que de lui-même, et s'apercevant aussi que nous ne voyons pas que Dieu dont il se ( fcjtégal puisse n'être pas l'unique Dieu et sa i fcphie l'unique vraie, il nous suggère de ne r^^Taire de ce que Dieu nous prescrit ; il nous porte à ne rien écouter de ce que ses serviteurs nous disent de sa part ; il nous engage à les mépriser, à les maltraiter, lorsqu'ils nous , exhortent le moins du monde à revenir vers Dieu ; le tout afin que par une adhésion volon taire à ses insinuations, nous restions ravis à Dieu qui nous rappelle sans cesse à lui, conséquemment au bonheur. Or pendant tout le temps que nous n'écou terons que les apôtres de Satan qui nous détour nent d'écouter ce que disent les ministres de Dieu, il est évident que nous agirons plus ou moins par le contraire de Dieu et de sa philosophie, et

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par conséquent contre notre propre bonheur, vu que nous avons déjà reconnu que les pré dications des ministres de Dieu sont dirigées vers notre bonheur temporel et moral, tandis que celles des apôtres de Satan tendent à notre mal heur temporel et moral. Mais si au lieu de n'écouter que les apôtres de Satan, et d'agir d'après ce qu'ils débitent contre la philosophie de Dieu, nous nous mettons à écouter ce que les ministres de Dieu nous disent de la philosophie de Dieu, et si nous agissons d'après elle, dès lors mourant insensible ment à notre naissance originelle de Satan et naissant de Dieu, conséquemment passant des ténèbres dans la lumière, nous verrons à dé couvert la réalité de l'existence d'un seul Dieu, ainsi que le néant de l'existence de plus d'un seul Dieu ; nous verrons que toute la philosophie de Dieu que ses ministres nous prêchent est l'unique existante et pour notre bonheur temporel et moral, que toute autre philosophie u^t point philosophie mais uniquement l'appa|i *et le contraire de la philosophie, conséquernment l'ap parence ou le contraire de la sagesse ; et si nous persévérons à agir d'après la philosophie de Dieu qui est la morale chrétienne, dès lors mourant insensiblement et entièrement à la contradiction faite par Satan de la vérité que Dieu soit Dieu de lui-même, et naissant à la manifestation qu'a faite Jésus-Christ de la vérité que Dieu est l'unique Dieu par dessus toutes choses, nous verrons à découvert que ce que les livres Saints disent de Dieu, des œuvres de Dieu, et de sa communication sensible avec nos pères, est la vérité et non pas chimère, illusion ou imagina tion

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tion des hommes, comme il nous plaisoit de le dire pendant tout le temps que nous ne nous dirigions que par le contraire de la philosophie de Dieu. Il résulte de ce que nous venons de dire, que Lucifer n'étant ou ne paraissant être Dieu sem blable à Dieu, que par la simple assertion qu'il est tel, il ne lui est pas' plus semblable, que nous ne serions nous-mêmes des soleils réels, sem blables au soleil, quand nous dirions un million de fois que nous le sommes. Malgré notre dire, nous serions toujours le néant de la réalité de tout ce qu'est le soleil, et ce néant ne serait pas une chose existante d'elle-même indépendam ment du soleil, puisqu'elle ne serait simple ment que n'être pas le soleil existant. De même Lucifer en disant qu'il est Dieu égal à Dieu, ne lui est pas pour cela égal et semblable, vu que Dieu existoit de toute éternité avant que Lucifer eût pu se dire semblable à lui : par conséquent son dire, être semblable à Dieu*, ne peut être que le néant de la réalité de tout ce que Dieu est déjà de lui-même ; et ce néant, n'est pas une chose existante d'ellemême ou indépendamment de Dieu, puisqu'elle n'est simplement, que n'être pas Dieu qui est déjà existant. Concluons que si nous ne discontinuons pas de nous diriger d'après la volonté de Satan, qui est le contraire de la volonté de Dieu, si nous ne commençons pas à nous diriger par la morale chrétienne qui est la volonté de Dieu, nous nous éloignerons de plus en plus de Dieu ou de la, réalité qui est Dieu ; nous nous réunirons de plus en plus avec Satan contre Dieu, conséquemment F

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avec le néant de la réalité ou de Dieu qui est la réalité ; nous haïrons, nous mépriserons lps ministres de Dieu et nous nous en éloignerons de plus en plus ; nous nous rapprocherons de plus en plus des serviteurs et apôtres de Satan ; nous maudirons aussi de plus en plus les Rois, que Dieu a établis pour faire punir tous les violateurs publics de la morale chrétienne, parce que toute contravention publique de la morale chrétienne qui est écrite dans le cœur de tous les hommes, attaque la tranquillité et la sûreté de tous les individus de la société ; de plus en ne discontinuant pas de nous diriger d'après la volonté de Satan, ce sera combattre avec lui et ses anges, comme nous le faisons depuis long temps sans nous en apercevoir, contre Saint Michel et les Anges de Dieu, et par conséquent contre l'Esprit de Dieu, ou contre la réalité de tous les biens éternels, infinis et divins; nous combattrons en faveur de l'esprit de Satan, ou en faveur du néant de la réalité des biens infinis et divins, réalité qui est l'Esprit dé Diau ou Dieu lui-même ; et enfin nous nous identifierons insensiblement tout-à-fait avec notre ignorance originelle, dans laquelle notre péché originel nous a engloutis ; conséquemment nous resterons dépourvus de l'Esprit de Dieu -et totalement privés de sa connoissance ; de la même manière que les personnes ensevelies dans l'ignorance des mathématiques, sont si dépourvues de leur esprit et privées de leur connoissance, que si elles viennent à parler de cette science devant ceux qui la connoissent, on leur dit de se taire parce qu'elles n'en ont pas l'esprit, ni même l'ombre de leur connoissance.

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Mais si ne refusant plus, comme nous l'avons fait jusqu'à présent, de nous diriger d'après la morale chrétienne, qui n'est autre chose que la volonté de Dieu, nous commençons à nous diriger d'ap.ès elle et persévéramment, ce sera dès iors nous éloigner de Satan ou du néant de la réalité de Dieu ; ce sera nous rapprocher de Dieu ou de l'unique réalité qui est Dieu ; ce sera nous éloigner des apôtres de Satan à raison de leurs prédications contraires à celles de Dieu ; car tout en haïssant leurs sentimens diaboliques, nous ne cesserons pas de désirer leur bien éter nel, comme nous le désirons pour nous-mêmes ; ce sera nous rapprocher des apôtres de Dieu en les aimant selon D eu, en pratiquant leur morale qui est toute de Dieu, et qui tend directe ment au bien temporel et spirituel de tous les individus de la société; ce sera cesser nos plaintes et nos invectives contre les Rois, que nous haïssons à cause de leur qualite de Rois ; loin de les haïr, nous les aimerons comme étant les représentans de Dieu, et conséquemment les défenseurs de leurs sujets contre ceux qui trou blent leur tranquillité en se permettant de con trevenir publiquement à la morale chrétienne, soit par leurs paroles, soit par leurs écrits ou par leur actions ; de plus ce sera nous réunir à Saint Michel Archange, et combattre avec lui en organes de Jésus-Christ, contre les senti mens de Satan qui sont diamétralement opposés à ceux de Jésus-Christ, lesquels sont pour Dieu et en "faveur de toutes les créatures de vie spirituelle ; ce sera reconnoître que Dieu est seul Dieu par dessus toutes choses, reconnoissance qui est la seule arme par l'usage de la F2

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quelle Jésus-Christ a vaincu et surmonté la puissance de tous ceux qui nioient cette vérité, et s'est ensuite allé asseoir à la droite de cet unique Dieu tout-puissant : enfin en nous diri geant persévéramment d'après la seule morale chrétienne, conséquemment d'après l'Esprit de Dieu qui la constitue, nous nous viderons insensi blement de tout l'esprit de Satan ; nous recevrons l'Esprit de Dieu, lequel nous remplissant in sensiblement de lui et étant Dieu lui-même, il nous réunira pour toujours à Dieu en unité : nous y serons réunis de la même manière, que, „ selon ce qui nous est enseigné dans les livres du christianisme, Dieu s'étant fait homme ou créa ture de lui-même après notre prévarication ori ginelle, ayant fait en homme la volonté de Dieu, et par là surmonté tout l'esprit de Satan par lequel Adam s'étoit laissé surmonter, il reçut l'Esprit de Dieu, naquit de Dieu Homme-Dieu en union de Dieu, et se. trouva devenu une même chose avec Dieu, selon ce qu'il a dit luimême l'an 4000 en ces termes, Mon père et moi sommes une même chose... .Qui me voit voit celui qui m'a envoyé. ...Mon père est en moi, et je suis en mon père. Puisque cet Homme Jésus-Christ est né de Dieu Homme- Dieu, pour avoir fait la volonté de ' Dieu, puisqu'il s'est réurfi pour toujours à Dieu en unité en faisant là volonté de Dieu, nous devons conclure, que si, comme les livres Saints nous le recommandent, nous faisons aussi la volonté de Dieu, nous naîtrons nous-mêmes pareillement de Dieu Hommes-Dieux, et nous entrerons en l'union éternelle de Dieu. En effet à proportion que nous ferons la volonté de Dieu, nous recevrons son Esprit, parce que nous rece

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vons toujours l'esprit de la chose d'après les enseignemens de laquelle nous marchons ; et à propor tion que nous recevrons ainsi l'Esprit de Dieu, nous nous viderons d'autant de celui de Satan que nous avons originellement reçu: de sorte que si nous faisons persévéramment la volonté de Dieu, recevant dès lors insensiblement toute la portion de son Esprit infini qu'il nous donna originelle ment à recevoir pour être un comme il est un, et être consommés en son unité éternelle, nous nous viderons de la totalité de l'esprit de Satan, nous sortirons de dessous toute l'ignorance qui nous dérobe l'entière connoissance de Dieu, et nous entrerons dans sa connoissance parfaite ; enfin nous deviendrons un comme Dieu est un, et nous serons consommés en l'unité éternelle de Dieu le Père, de Dieu le Fils, et de Dieu le Saint Esprit, conséquemment consommés dans la > jouissance des délices éternelles et divines. Ces choses étant vraies, comme nous en con viendrons dans la suite de ce Traité, elles doivent commencer à nous faire apercevoir qu
ELUS COHEN - PIERRE FOURNIER

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